Richard DESVALLIERES (1893–1962)
Né en 1893 d’une famille comptant nombre d’écrivains et d’artistes, Richard Desvallières fut, dès sa jeunesse, très influencé par deux personnages qui ont laissé leur marque dans leur époque : son arrière-grand-père, Ernest Legouvé (1807-1903), écrivain et académicien, et son père Georges Desvallières (1861-1950), grand peintre, qui fut avec Maurice Denis, créateur des Ateliers d’Art Sacré.
Richard commença à s’intéresser au travail de la forge dès son adolescence jusqu’en 1914, date de sa mobilisation pendant la Grande Guerre. Rentrant de la guerre, il reprit son activité de forgeron et décrocha ses premières commandes. Issu d’un milieu familial privilégié, empreint d’une grande culture, dessinateur et peintre à ses heures, c’est surtout par la forge qu’il exprima ses qualités d’artiste, travaux d’ailleurs plus proches de la sculpture que de la ferronnerie.
Ses travaux dans l’Eglise Sainte-Agnès sont considérés comme une de ses œuvres majeures, où on y retrouve toute l’étendue de son art.
En premier lieu, on ne peut manquer, en se rapprochant de l’église, la croix forgée de huit mètres s’élevant sur le clocher haut de cinquante-trois mètres.
Puis le portail d’entrée, en chêne sculpté avec ses huit panneaux en cuivre repoussé. A l’intérieur, à droite, les fonts baptismaux dont le couvercle, en fer forgé, est de forme pyramidale à huit faces en métal gravé. Ce baptistère est lui-même fermé par une grille de fer forgé, de draperies en tôle repoussée. Aussi, la table de communion à l’entrée du chœur représentant des scènes de la vie du Christ, le buffet d’orgue en cuivre repoussé sur la tribune, la grille forgée de la chapelle dédiée à la Vierge.
Mobilisé en 1939, il est fait prisonnier puis s’évade. La période de la Deuxième Guerre mondiale fut difficile pour lui et sa famille. Il fit cependant une rencontre avec le Compagnonnage qui fut un tournant déterminant dans sa vie. En 1942, il fut reçu comme Compagnon Forgeron du Devoir, sous le nom de « Parisien la Bonne Volonté ». Il continuera à œuvrer pour le Compagnonnage après la guerre, tout en reprenant son activité artistique.
Sa passion pour le travail du fer, du cuivre et du laiton, conjugué à son génie de forgeron, poussa Richard Desvallières à transcender le métier de ferronnier vers un art à part entière, alliant solidité du métal forgé à délicatesse de la décoration. Pour cela, il fut un « novateur traceur de voie », comme l’ont décrit ses Compagnons du Devoir. Il est ainsi devenu une des figures clé de la ferronnerie d’art en France.